Le monde du livre en 2020 : 12 prédictions
Le monde du livre en 2020 : 12 prédictions

Le monde du livre en 2020 : 12 prédictions

La conception d’une couverture de livre est cruciale lors de sa création en auto-édition ainsi que de tout autre média. Elle attire l’attention, incite à la découverte et donne une première impression sur le contenu du livre. Choisir un ou des bons visuels de couverture est donc primordial dans la réussite de votre ouvrage.

Que nous réserve l'avenir ? Après avoir bien astiqué sa boule de cristal, Jean-Yves Normant (fondateur de Bookelis) nous livre une série de prédictions sur l'industrie du livre francophone en 2020.

Retrouvez également cette tribune dans le Huffington Post.

Bien que je sois convaincu de tout ce que j'écris, il est probable que toutes ces prédictions ne se réaliseront pas ! Disons que si 8 ou 9 s'avèrent exactes ce sera déjà bien.

On retrouve évidemment en toile de fond les deux tendances majeures qui se dessinent depuis quelques années l'ebook et l'autoédition. Je ne prends pas beaucoup de risques en prévoyant que les deux se développeront fortement...

Au-delà des évidences, j'ai cherché à déceler les conséquences inattendues ou indirectes et à indiquer les nouvelles pistes qui se dessinent sans être encore perçues par le grand public.

1. L'ebook représentera 15% du marché du livre

Il représente 4,5% des ventes globales en 2013 (d'après Xerfi), en forte progression par rapport à 2012. Cela reste une part minoritaire des ventes. Mais si l'on creuse un peu la question on s'aperçoit que l'ebook atteint déjà 10% des ventes dans certains secteurs de littérature de fiction, ce qui n'est plus négligeable du tout. Les ventes d'ebooks ont des parts de marché très inégales selon le genre de livres. En 2020 l'ebook représentera 15% du marché du livre avec des pointes à 30% dans certains secteurs de littérature.

2. Le prix de vente des ebooks français aura globalement chuté

En maintenant jusqu'à présent des prix de vente ebook élevés, les éditeurs freinent le développement de l'ebook. Ils ne veulent pas lâcher la proie pour l'ombre, ce qui peut se comprendre. Ils retardent ainsi l'inévitable évolution de leur modèle économique face au développement du numérique. Ils rassurent également les libraires, inquiets de ce marché numérique dont ils ne savent pas trop par quel bout le prendre. Freinage ou pas, l'ebook se développera. Les auteurs indépendants (autoédités), qui pratiquent des prix de vente beaucoup moins élevés et occuperont de plus en plus de place, tireront les prix de vente vers le bas.

3. La lecture en streaming séduira de nombreux lecteurs et deviendra un canal important

Pourquoi? parce que le livre a ceci de particulier que lorsqu'on l'achète, on ne sait pas si on va l'apprécier ou pas. Acheter un livre comporte toujours une part de risque et d'incertitude et c'est seulement après 1 ou 2 heures de lecture que l'on se fait une opinion (contrairement à la musique par exemple, qui s'apprécie en quelques minutes). Le streaming appliqué à la lecture, basé sur un système d'abonnement comme le pratique Youboox, élimine ce risque et permet de passer d'un livre à l'autre sans rien débourser ni regretter, tout en offrant l'opportunité de découvrir des auteurs qu'on n'aurait jamais achetés en librairie. Je suis persuadé que ce mode de lecture a un bel avenir devant lui.

4. Le livre papier connaîtra une baisse sensible et l'impression à la demande se démocratisera

L'ebook se développera mais n'envahira pas pour autant le marché, au contraire je suis convaincu que le livre papier conservera une part essentielle. La lecture sur papier est une expérience différente de la lecture sur écran. Le livre qu'on peut feuilleter, respirer et dont on corne une page pour la marquer avant de le ranger dans sa bibliothèque, n'est pas près d'être relégué au rang des souvenirs.

5. L'autoédition sera de plus en plus utilisée et reconnue

Depuis 10 ans elle a connue une croissance exceptionnelle, qui se poursuivra. En 2013 les livres autoédités représentent 13% du dépôt légal français d'après la BNF, soit un livre sur huit. En 2020 ce taux se situera entre 18 et 20%. L'autoédition sera installée dans le paysage du livre et considérée comme un mode d'édition avantageux. Il y a déjà des bestsellers d'auteurs francophones autoédités ; ils seront alors monnaie courante. Les auteurs indépendants seront devenus plus professionnels et s'appuieront sur des plateformes telles que Bookelis. Les auteurs à succès hésiteront à choisir entre l'autoédition et un contrat avec un éditeur ; les éditeurs devront leur proposer des conditions toujours meilleures pour les conserver en catalogue. L'autoédition, dans une certaine mesure, contribuera ainsi à rééquilibrer les rapports auteur-éditeur.

6. Le nombre de titres publiés annuellement augmentera de 40 à 50% par rapport à aujourd'hui

Deux tendances pousseront dans ce sens: les éditeurs publieront toujours plus de titres pour chercher à compenser la baisse moyenne des tirages et des ventes; d'autre part l'autoédition contribuera à mettre sur le marché de nombreuses nouveautés. On observera donc une "atomisation" du marché: plus de livres publiés avec des ventes moyennes plus basses.

7. Les gros éditeurs concentreront de plus en plus leurs investissements marketing sur les auteurs phare

Les auteurs peu ou pas connus qui parviendront à trouver un éditeur ne bénéficieront que d'une promotion basique voire inexistante (c'est déjà souvent le cas aujourd'hui). Ce faisant, les éditeurs renforceront l'idée que seuls les auteurs célèbres ont intérêt à avoir un éditeur, ce qui contribuera à pousser les auteurs vers l'autoédition.

8. Les éditeurs de petite ou moyenne dimension souffriront et connaîtront de nombreuses faillites

Sauf exception, ils ne peuvent pas compter sur des auteurs phare (ceux-ci sont trustés par les gros éditeurs, dont la rentabilité est assurée par les bestsellers). Ces éditeurs se situent donc dans des créneaux de ventes moyennes. Or les ventes moyennes par titre ne font que chuter depuis des années et continueront de chuter du fait de l'augmentation du nombre de titres publiés... terrible cercle vicieux. Toutefois, les éditeurs qui démontreront leur valeur ajoutée s'en sortiront bien. Comment? Par exemple en créant des collections de grande qualité, en exploitant des niches éditoriales, ou encore en proposant des éditions de luxe.

9. Les grandes surfaces verront leur activité s'effondrer au profit de la vente sur internet.

Elles n'apportent que peu de valeur en termes de conseil à leurs clients lecteurs, ce qui les condamne. La faillite de Virgin en 2013 s'inscrit dans cette tendance.

10. Les libraires indépendants seront également malmenés par les ventes en ligne et l'ebook

Toutefois ils résisteront mieux que les grandes surfaces car ils conserveront une excellente carte à jouer: le conseil aux clients (seul rempart véritable face à la vente en ligne et aux algorithmes de recommandations d'achats fondés sur les big data). Le réseau de libraires français baissera en nombre. Il restera malgré tout l'un des plus diversifié et qualitatif du monde, protégé notamment par l'excellente loi sur le prix unique du livre (que bien des pays nous envient) et l'attachement des Français et du monde francophone à la lecture.

11. Le succès d'un livre dépendra plus que jamais du bouche à oreille et de moins en moins de quelques prescripteurs puissants (critiques littéraires)

Je n'ai que peu de mérite à faire cette prédiction car l'influence des prescripteurs traditionnels diminue depuis longtemps déjà. Qu'elle est loin l'époque où Bernard Pivot réunissait les familles devant l'écran, faisant les auteurs et les succès de librairies! La multiplication des publications papier et numérique accentuera cette tendance. Dans un flot ininterrompu de nouveautés, personne ne peut prétendre avoir découvert tout ce qui mérite de l'être.

12. Les livres francophones trouveront un nouveau débouché

Largement sous-exploité aujourd'hui par l'industrie du livre, le continent africain habrite une population francophone estimée à plus de 100 millions de personnes. Le problème du transport rend la distribution des livres papier très difficile; le prix de vente trop élevé des livres papier constitue un autre obstacle majeur. L'ebook élimine en grande partie ces contraintes. Les entreprises ou associations qui sauront développer une offre de lecture numérique adéquate, notamment sur téléphones et smartphones, ouvriront des horizons passionnants.

Vous voyez d'autres tendances se dessiner? Vos commentaires sont les bienvenus.

Jean-Yves Normant
Fondateur de Bookelis