Interview avec Caroline Kahel
Interview avec Caroline Kahel

Interview avec Caroline Kahel

La conception d’une couverture de livre est cruciale lors de sa création en auto-édition ainsi que de tout autre média. Elle attire l’attention, incite à la découverte et donne une première impression sur le contenu du livre. Choisir un ou des bons visuels de couverture est donc primordial dans la réussite de votre ouvrage.

Caroline Kahel est l'auteure de deux livres publiés sur Bookelis, La malédiction de Blackstone et Jusqu'à ce que la mort nous sépare. Cette passionée de lecture anglo-saxonne partage avec nous son expérience de l'auto-édition et sa démarche d'écrivan.

Portrait de Caroline Kahel

" Dans ma démarche de partage, je voulais bien passer à l'édition mais avec un minimum de contraintes. Déjà bien occupée par ma profession, l'écriture est ma bulle d'oxygène et elle devait le rester. "

Qu’est ce qui vous a donné envie d’écrire ce livre ?

L'écriture est pour moi un besoin viscéral que j'ai toujours eu en moi, un besoin d'évasion, la nécessité de fixer par écrit cet imaginaire débordant qui souvent me dépasse. Blackstone est mon premier roman original. Comme toute adolescente je m'étais essayé maladroitement à la poésie ou la "fanfiction" comme on l'appelle maintenant. Un voyage en Ecosse alors que je n'avais que 15 ans est à la genèse de ce personnage. La magie, le mystère, l'Histoire, les histoires... L'Ecosse est un pays magnifique pour l'imaginaire. Il m'a fallu du temps pour que Blackstone naisse dans mon esprit. Un premier essai maladroit m'a éloigné de l'écriture pendant 10 ans mais Blackstone, lui, était là dans mon esprit et sa haute silhouette noire ne me quittait pas. Mais occupée par mes études et ma situation professionnelle, je le laissais enfermé dans un coin de mon esprit jusqu'à ce que le besoin de le faire renaître deviennent une nécessité. Seulement, j'avais grandi, j'avais mûri et je ne pouvais pas reprendre le même récit que j'avais écrit dans mes jeunes années. Le style était maladroit, ampoulé, voulant trop ressembler à mes maîtres littéraires, je n'étais qu'un cliché de moi même. En abandonnant toute pression, en pensant n'écrire que pour moi, je me suis libérée d'un carcan qui m'emprisonnait et j'ai enfin trouvé ma voie et ma voix, un style que je qualifierais de plus cinématographique, mon autre passion. Encouragée par mes amis et mon entourage, Blackstone est ressorti de l'obscurité où je l'avais enfermé. Comme tout premier roman, il reste un peu maladroit parfois mais il pose aussi les fondations de l'univers que j'ai développé par la suite.

Avez vous des auteurs de référence à citer qui influencent votre écriture ?

De toute petite, j'ai été attirée par les auteurs anglo-saxons. Mes premières lectures fétiches étaient Robert Louis Stevenson, de L'ile au Trésor à Dr Jekyll et Mr Hyde. Les histoires des maîtres gothiques et fantastiques ont peuplé mon enfance: Dracula, Frankenstein... Et ont certainement influencé mon imaginaire. C'est certainement la raison pour laquelle des thèmes comme le mystère, le mystique, la folie, la symbolique ou l'horreur se retrouvent dans mes écrits. Mais je ne cherche pas pour autant à leur ressembler. Je ne cherche pas à devenir un auteur au sens classique du terme. Je cherche juste à raconter une histoire, la partager, donner vie à des personnage au point qu'ils restent un petit peu dans vos têtes et dans vos coeurs.

Au fil de mes études, j'ai développé une passion pour Shakespeare et Dickens. Bien sûr, je suis loin de leur talent et de leur univers mais j'ai été fascinée par la théâtralité du premier et la passion de ses écrits et l'énergie du second avec ses célèbres "cliffhangers" à la fin de ses chapitres afin d'accrocher le lecteur et lui donner envie de lire la suite, format obligé par la sérialisation de ses écrits publiés chaque semaine dans des journaux. En tant qu'adulte, j'ai aussi beaucoup été influencée par les auteurs de romans policiers, ce qui est certainement la dernière pièce du puzzle de mes influences. Elizabeth George et Stuart MacBride sont incontestablement deux auteurs que j'admire.

De façon globale, en publiant un livre, quel est votre objectif principal ?

Mon objectif premier était tout simplement le partage. Donner vie à des personnages et les garder pour soi, c'est égoïste. J'avais donc au fil du temps développé un petit réseau de lecteurs fidèles à qui j'envoyais par mail mes chapitres au fil de l'écriture. Seulement voilà, beaucoup m'ont persuadé qu'il fallait partager avec un plus grand nombre et que le livre était un support bien plus confortable pour les lecteurs. Ils m'ont persuadée d'élargir le cercle. Il fallait passer à l'édition. Il m'a fallu des années pour me laisser convaincre mais j'avoue que ces amis en or m'ont finalement convaincus.

Pourquoi avoir choisi l’autoédition pour publier votre ouvrage ?

Dans ma démarche de partage, je voulais bien passer à l'édition mais avec un minimum de contraintes. Déjà bien occupée par ma profession, l'écriture est ma bulle d'oxygène et elle devait le rester. Beaucoup de mes connaissances avaient tenté l'expérience de l'édition et j'avais l'impression qu'ils avaient endossé une seconde profession, tous les week-ends sur les routes, de salons en librairies, pour faire la promotion de leurs écrits car ils avaient publié à compte d'auteur, avaient investi des milliers d'euros et se retrouvaient avec des centaines d'ouvrages à écouler. L'un d'entre eux m'avais même confié qu'il se servait de certains de ses livres comme bois de chauffe l'hiver. Pour moi, c'était impensable, même si plusieurs maisons d'édition m'avaient contactée. Non seulement je n'avais ni l'argent ni l'envie de passer mon temps à jouer les commerciaux, à vanter les mérites de mes écrits. Quand aurais-je le temps d'écrire? Je trouvais cette démarche déprimante. Quand je suis tombée sur une publicité sur Bookelis sur internet, je me suis dit que c'était la solution idéale. Je pouvais aller à mon rythme, laisser le temps à mes histoires de rencontrer son public progressivement, compléter avec des options différentes selon l'engouement sans stress et sans obligations. Si je ne devais vendre que trois exemplaires, c'était pour moi déjà une petite victoire. Mon premier roman auto-édité s'est vendu à plus de 140 exemplaires aujourd'hui et j'espère que Blackstone suivra le même chemin ou, qui sait, rencontrera un public encore plus nombreux.

Quelles actions marketing allez vous mener pour faire connaître votre livre ?

C'est bien là le problème. Je ne suis pas un agent marketing mais un auteur. J'ai mon cercle d'amis et le bouche à oreille fonctionne plutôt pas mal. Une amie m'aide à prendre contact avec la presse locale et la librairie de ma ville. J'ai également un compte Twitter à mon nom où je publie toutes mes actualités, de l'écriture à la publication. Et la possibilité d'être mise en lumière sur le site de Bookelis est une nouvelle chance de rencontrer d'autres personnes.

Vos lecteurs vous ont-ils contacté suite à la lecture de votre 1er livre ? Quelle relation avez-vous avec eux ?

Comme je l'ai expliqué, j'ai en contact régulier quelques fidèles qui m'épaulent et m'accompagnent. C'est une vraie richesse de parler avec eux de l'évolution de l'histoire. Ma plus belle récompense est quand ils me parlent des personnages comme s'ils existaient vraiment et qu'ils expriment de l'empathie pour eux. C'est mon unique but. Je dois dire qu'au fil des années, le soutien inconditionnel de ces lecteurs est ce qui me pousse à continuer aujourd'hui. Je me dis que peut-être, il y a quelque chose dans mes écrits qui vaut le coup. Beaucoup sont devenus de vrais amis et m'épaulent. Certains relisent et corrigent mes coquilles, d'autres m'apportent des critiques constructives sur le déroulé de l'histoire, la mise en page. Ma nièce s'occupe de mes illustrations, mon neveu vient de nous rejoindre sur le projet actuel. Ce n'est pas une aventure solitaire, c'est une belle aventure que nous partageons ensemble et je ne peux qu'encourager d'autres à nous rejoindre.

Un conseil que vous donneriez à une personne qui se lance dans l’écriture de son premier livre ?

Pour avoir longtemps été prisonnière de mes doutes, je n'aurais qu'un seul conseil à donner. Être soi-même. Ecrire l'histoire que l'on voudrait qu'on nous raconte. Nous devons redevenir des enfants et nous laisser emporter par notre imaginaire. Je dois avouer que dans mes jeunes années, je passais des heures et des heures sur un paragraphe pour travailler un style qui au bout du compte était tellement artificiel qu'il ne me ressemblait pas. Aujourd'hui, je me mets devant mon ordinateur, je mets en fond sonore une musique de film (la trilogie du Seigneur des Anneaux, ne me demandez pas pourquoi, j'en ai essayé des tonnes mais c'est vers celle-ci que je reviens sans cesse ^^) et je laisse venir à moi les images, le film de ma pensée, je passe dans un état second et je deviens spectatrice de ma propre histoire, je me laisse parfois entraîner à l'opposé de ce que je voulais faire et en ressors souvent à bout de souffle. Toujours est-il que ce que vous lisez aujourd'hui est souvent mon premier jet, que seules quelques coquilles ou maladresses sont changées mais le processus d'écriture est plus grisant que jamais.

Avez vous d’autres projets d’écriture en cours ?

Le fait d'avoir mis autant d'années à passer à l'édition fait que j'ai quelques écrits d'avance. Ma première publication chez Bookelis, "Jusqu'à ce que la Mort nous Sépare" est en fait mon quatrième roman. C'est celui-ci que j'avais choisi pour me lancer car c'était une histoire en un seul volume, plus abouti que les autres et j'en étais assez fière. Maintenant, comme il s'agissait là de ma première expérience de publication, je dois avouer que le choix de garder la mise en page A4 était une erreur car le texte est vraiment petit. Mais tous ceux qui ont eu l'occasion de me lire, s'ils ont regretté cette mise en page, ont avoué avoir adoré l'univers et ont vite oublié le fait que l'écriture soit aussi petite. Avec Blackstone, j'ai travaillé avec un ancien éditeur qui m'a aidé à rendre la mise en page plus confortable pour le lecteur et les prochains romans seront travaillés sur le même modèle.

Blackstone est une trilogie. A la fin de ce premier livre, "Le Retour de la Dame Blanche", j'avoue avoir eu du mal à laisser partir mes personnages, il y avait comme un goût amer d'inachevé, j'avais encore beaucoup de choses à dire et j'avais l'impression de n'avoir effleuré que la surface de l'histoire. Je savais que cette histoire avait encore bien plus à offrir et je suis donc partie sur une trilogie.

Le tome 2 "Le Secret du Dragon" (vous pouvez lire le premier chapitre à la fin du premier tome) paraîtra normalement pour le mois de Mai ou Juin pour vous donner de quoi lire cet été ^^. Le dernier tome "L'Héritage d'Eoghain" est prévu pour Noël 2016. 

Ce qui me laisse un peu de temps pour terminer mon projet actuel qui est complètement différent. Safe Haven est un roman qui flirte avec l'Héroic Fantasy sans véritablement en adopter tous les codes. Nous sommes dans un monde imaginaire, une ile à une époque qui pourrait correspondre à notre 18e siècle. Tous les habitants de l'ile ont été frappé d'immortalité après un tremblement de terre qui a bouleversé leur existence. Ils peuvent mourir de façon violente mais ils ne vieillissent plus d'un seul jour. Et pour éviter la surpopulation, les naissances sont interdites. D'ailleurs, une mystérieuse maladie empêche toutes les grossesses d'êtres menées à leur terme. Dans un monde où l'enfantement devient un danger, les femmes perdent leur place dans une société où les hommes installent une dictature et les prive de leurs droits et de leurs libertés. Mais c'est sans compter sur Maxine, une jeune femme passionnée qui croise le chemin de révolutionnaires qui cherchent à mettre fin à ce système. Cet univers peuplé de pirates, d'esclavagistes, de monstres, qu'ils soient humains ou un peu moins, nous offre une aventure haletante et j'avoue avoir, tout comme vous, envie de savoir où ce récit va bien pouvoir m'emmener.