Transmettre l'histoire de sa famille dans un livre
La conception d’une couverture de livre est cruciale lors de sa création en auto-édition ainsi que de tout autre média. Elle attire l’attention, incite à la découverte et donne une première impression sur le contenu du livre. Choisir un ou des bons visuels de couverture est donc primordial dans la réussite de votre ouvrage.
Quelle que soit l'histoire de sa famille, la transmission aux jeunes générations est importante. Quand la petite histoire rejoint la grande, raconter des souvenirs ne concerne plus uniquement la famille.
C'est ce que dont Nadine Amoros nous parle ici.
Votre livre Entre les lignes raconte l’histoire de votre grand père pendant la première guerre mondiale. Pouvez-vous nous dire en quelques mots quel a été son parcours de vie ?
Mon grand-père Charles est né en 1898 dans un petit village de Moselle, Saint-Epvre, à l’époque où la Lorraine est encore allemande.
En 1917, il a 19 ans et il devient soldat de l’armée allemande. Fin 1917, au sein du 462ème régiment d’infanterie il monte au front sur le secteur de Verdun, et en 1918 il sera engagé dans la 2ème bataille de la Marne, puis sur la bataille de Bois Belleau.
Après la guerre il reprend son métier de boulanger pâtissier, sur Metz, se marie en 1931 et aura 3 enfants.
Durant la seconde guerre mondiale, la Lorraine est à nouveau Allemande, et par sa profession de boulanger il est réquisitionné « pour nourrir Metz ».
Il s’installe à Longeville-les-Metz dans les années 50, j’y suis née en 1965, et y ai vécu avec mes grands-parents.
Dans quel contexte avez-vous voulu écrire ce livre ?
Dans les années 50 ou 60 mon grand-père rassemble ses notes de guerre et en fait un récit qu’il souhaite publier, mais sans y parvenir. Il parle très peu de sa guerre et même si dans la famille tout le monde sait qu’il écrit, il reste très discret sur son livre.
Avant son décès en 1977, face à une maladie qui lui fait perdre la mémoire, il est très angoissé craignant le retour de la guerre, et il jette à la poubelle l’ensemble de ses écrits, dont l’exemplaire le plus abouti. Moi et ma sœur avons pu alors sauver quelques documents. Ils resteront ensuite ignorés pendant 25 ans, et nous les retrouverons lors du déménagement lorsque maman quittera cette maison familiale.
En lisant ses récits, mon mari et moi avons été très émus et c’est à partir de là que j’ai pensé à l’éditer en mémoire de mon grand-père. Cependant les difficultés pour éditer un livre étaient les mêmes que celles que mon grand-père avait rencontrées.
En début 2018, je perdais maman et le besoin de terminer ce travail de mémoire s’est imposé à moi. 2018 était aussi l’année du centenaire, et grâce à Bookelis la barrière de l’éditeur était levée. C’est également un projet de couple avec mon mari, puisque nous y avons travaillé à 2, en partageant beaucoup d’émotions, et en y passant 6 mois pour arriver à l’édition.
Avez-vous dû faire des recherches en plus du témoignage de votre grand père ?
Nous avons fait différents types de recherches sur ses récits. Tout d’abord des recherches historiques car nous souhaitions nous assurer que les citations, les faits, les dates et les lieux mentionnés étaient exacts. Il y avait quelques approximations que nous avons corrigées ou complétées.
Mais la recherche la plus passionnante a sans doute été celle d’essayer de retrouver Isabelle. En effet, comme Charles et Isabelle ont continué à s’écrire après la guerre, nous pensions qu’Isabelle aurait pu garder et transmettre des témoignages de cette histoire à ses descendants.
Nous n’avions pas grand espoir d’aboutir, car nous n’avions que son prénom. Dans les archives de l’Aisne à Laon, nous avons trouvé le recensement complet de la population de Laon de janvier 1915, ce qui était inespéré. En effet les allemands avaient procédé à ce recensement afin de délivrer des laisser-passer.
Ce recensement ne compte que 3 Isabelle sur 7000 personnes, car en effet le prénom Isabelle n’est pas très répandu à cette époque. Nous avons durant l’été complété ce travail par des recherches généalogiques. Nous n’avons pas mené ces recherches seules car l’histoire de Charles intéresse beaucoup de personnes sur Laon, dont certaines qui connaissaient parfaitement l’histoire de Laon, et d’autres très expertes en généalogie.
Grâce à tout ce travail nous avons pu déterminer que l’une d’elle correspondait à 95%.
Nous avons alors recherché ses descendants, et avons retrouvé son neveu. A la lecture d’Entre les lignes, il retrouve beaucoup de traits de sa tante et lève nos derniers doutes.
Nous avions très probablement retrouvé Isabelle.
Fin aout nous nous sommes rencontrés et ce fut une belle rencontre.
Nadine Amoros et Gilbert Drux le 31 aout 2019
Combien de temps vous a-t-il fallu pour l’écrire ?
Nous avons commencé en aout 2018, et avons publié le livre en février 2019. Nous avons fait un travail de remise en forme du livre, réécrit beaucoup de parties pour le rendre plus fluide, tout en préservant le contenu et lui conservant son authenticité.
Mais nous avons poursuivi nos recherches depuis février 2019.
Comment votre famille a accueilli ce projet ?
Nous sommes 9 petits-enfants, et au départ je souhaitais le mettre sous la forme d’un livre achevé afin que chacun des petits enfants de Charles en ait un exemplaire.
Cette idée a beaucoup plu et nous avons été encouragés dans notre démarche. Le travail à réaliser s’est cependant révélé bien supérieur à ce que nous avions imaginé, mais les résultats aujourd’hui vont bien au-delà aussi.
En effet nous sommes déjà à 400 exemplaires vendus, et en accord avec les petits enfants de Charles, nous avons choisi de reverser nos premiers bénéfices au Souvenir Français de l’Aisne. Nous avons remis 600 Euros, à cette association le 31 aout dernier.
Nous avons ainsi mis en cohérence notre démarche avec le devoir de mémoire, puisque cette association a pour mission de « conserver la mémoire et de transmettre l’héritage aux jeunes générations ».
Votre livre a-t-il inspiré d’autres familles pour faire de même ?
Ce livre nous a permis de rencontrer beaucoup de lecteurs qui ont aussi l’envie de réaliser un tel projet, mais sans avoir réussi à aller jusqu’à l’édition. Nous avons souvent expliqué comment nous avons réussi à devenir auto éditeur.
Ce livre nous a permis de faire de multiples rencontres et c’est sans doute cela qui nous aura marqué.
Le livre a un certain succès. Quels sont les retours que vous avez eus ?
Nous en sommes à 400 ventes, et beaucoup de retours positifs de lecteurs que nous avons reporté dans notre page facebook @entreleslignesvivresadestinee