Tout commence

De nos larmes d'exil nous teinterons le vent, nous serons cette bruine suave et pénétrante de la mélancolie du monde et nous serons vivants. Nous serons la vie jaillissante par toutes les parcelles de nos âmes. Sans amour nous ne sommes rien, rien que des singes debout. Alors regardons-nous, enlaçons-nous, sourions même en larmes, vibrons à en crever. Non, aucun des enfants que nous fûmes n'auraient souhaité, osé, imaginer cette agonie du monde. Et pourtant nous voici réunis, ici et maintenant, innocents spectateurs d'une souffrance aride mue en banalité. Saisissons-là cette souffrance de cendres. Elle filera dans nos mains telle une rivière d'étoiles. La violence ne gagnera pas, le silence ne gagnera pas. Nous hurlerons la joie, cette chance d'exister. Nous ne fuirons pas. Nous ne fuirons plus. Nous chercherons l'autre puisqu'il est temps de s'effeuiller du poids de l'impuissance. Nous avons tout, nous sommes tout. Ce n'est pas fini, rien n'est fini, tout commence.