LA PROMENADE DES DESOLATIONS

LA BAIGNADE DU JARDIN Où sont passées mes larmes ? Où sont placées mes armes ? Où sont tous ceux qui trouvaient que ma plume n'avait pas de charme ? Où sont tous ceux qui déclenchaient à mon passage les alarmes ? Mes blasphèmes agiteront pour très longtemps leurs vacarmes. Les mots que je manipule sont des tirs de précision qui les désarment. Qui a osé corrompre mon âme ? Qui a pu remplir mon esprit de blâmes ? Qui a brisé le cœur fragile de toutes ces dames ? Qui a permis à mes yeux innocents de voir tous ces drames ? Mes pieds m'ont fait découvrir des pays inconnus. Mes mains m'ont fait caresser des visages méconnus. J'ai foulé des terres où je n'étais pas le bienvenu. Toute ma triste vie, je n'ai jamais été soutenu. Je suis sorti pourchasser mon avenir comme tous ces clandestins. Je suis arrivé sans m'annoncer pour profiter du chaos de leur déclin. J'ai goûté aux misères extrêmes de leur festin. Leurs chiens de garde m'ont traqué comme un animal blessé. Leurs langues de serpent ont craché leur venin mortel sur l'histoire de mon passé. J'ai dormi sous les ponts comme tous ces immigrés sans papiers. Leurs bavures policières ne m'ont pas brisé. Leurs insultes ne m'ont pas déshumanisé. Leur république a peur de m'accepter. Malgré les liens historiques qui me rattachent à sa nation tourmentée. Malgré mon amour pour sa littérature endiablée. J'ai laissé sur mes terres d'origines de puissants charlatans. Pour me retrouver devant des fanatiques extrémistes qui combattent la foi de Constantin. Elle sera dans l'obligation de m'excommunier comme elle le fit avec Philippe-Auguste. Elle ne m'exploitera jamais comme elle le fit avec tous ces ancêtres robustes.