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Je souffris mortellement de cet insensible abandon, et je restai bouche béante, immobile, terrifié, ne comprenant que trop la cruauté de la conduite de mon père, qui nous arrachait sans commisération du lieu de notre enfance, des bras de notre mère, dont il ne nous avait même pas été permis de rencontrer le regard. Cet exil, ce pouvoir étranger, cette maison à l'extérieur horrible, me causaient une si vive impression, que je ne m'aperçus pas que j'étais poussé par M. Sayers dans une vaste et...
Je souffris mortellement de cet insensible abandon, et je restai bouche béante, immobile, terrifié, ne comprenant que trop la cruauté de la conduite de mon père, qui nous arrachait sans commisération du lieu de notre enfance, des bras de notre mère, dont il ne nous avait même pas été permis de rencontrer le regard. Cet exil, ce pouvoir étranger, cette maison à l'extérieur horrible, me causaient une si vive impression, que je ne m'aperçus pas que j'étais poussé par M. Sayers dans une vaste et triste cour, au milieu d'une quarantaine d'enfants. En les voyant tous, grands et petits, se grouper autour de moi, en entendant leurs questions déplacées, leurs rires moqueurs, je repris mes sens, et je souhaitai de toutes les puissances de mon âme que la terre s'entrouvrît pour me dérober à leur insolente inspection et à la misérable existence qui m'était promise. Le coeur gonflé par les larmes que je n'osais répandre, je demandai intérieurement au ciel, avec une énergie bien au-dessus de mon âge, la fin de ma vie, et je venais d'atteindre à peine ma neuvième année !